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La femme russe, l’éternelle chasse aux sorcières et épouvantail à moineaux
A travers l’expérience d’Antoine Monnier directeur de l’Agence CQMI, marié avec une Ukrainienne, et celle d’Hervé Jouhet marié quant à lui à une Russe, nous allons tenter au moyen d’une chronique particulière sous la plume du second de vous présenter quelques standards et quelques conseils à l’usage d’hommes francophones qui rêveraient, espéreraient et décideraient de créer une relation maritale avec une femme russe ou ukrainienne. L’un comme l’autre ont écumé le monde slave, tant l’Ukraine, que la Russie, mais aussi d’autres pays périphériques. L’un comme l’autre sont passés par une étape de recherche amoureuse similaire, faite de rêves qui se sont réalisés… mais pas tout seuls ! L’un et l’autre sont parfaitement russophones, ont étudié en Russie la langue de Pouchkine, le premier a longuement résidé dans le pays et dans la ville mythique de Saint-Pétersbourg, en passant par la Sibérie, le second est moscovite, cœur palpitant de la Russie, après avoir connu l’Oural et le Sud du pays.
Les attaques contre la femme russe sont légions sur Internet, dans les médias occidentaux et bien sûr français. Elles font suite à une tension aiguë qui existe entre la Russie et le monde occidental, dans ce qui est appelée (même si les journalistes luttent pour ne pas le dire), la Seconde Guerre Froide. La première guerre froide avait éclaté officiellement en 1947, mais certains historiens font remonter de fait ces tensions bien avant. En effet, suite à la révolution bolchevique d’octobre 1917, la victoire des bolcheviks dans la Révolution russe (1918-1924), la proclamation de l’URSS (1922), l’Union soviétique avait du mal à se faire reconnaître par les pays de l’Occident, puis s’enfonça avec Staline dans une confrontation grandissante, avec un pic au moment de la signature du Pacte germano-soviétique (août 1939), ou l’URSS devînt l’alliée de l’Allemagne nazie. Pendant que cette dernière tordait le cou à la France et de nombreux pays occidentaux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Danemark), l’URSS arrachait à la Roumanie, la Bessarabie, et annexait par la force les états baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), agressant au passage la petite Finlande et la Pologne (1939-1940). Après un très court épisode d’une alliance forcée de l’URSS avec les pays alliés, USA, Grande-Bretagne, France etc, le monde était entré dans une Guerre Froide (1944-1991), qui marqua durablement la planète. Il est même probable que l’organisation de l’OTAN qui avait été fondée pour lutter contre le Pacte de Varsovie (1949), n’ayant pas été dissoute à la chute de ce dernier et la destruction de l’URSS (1991), cette guerre froide se soit poursuivie dans les coulisses pour renaître plus ou moins au grand jour au début des années 2000.
Le Temps des Salopes…
C’est ainsi que titre un article russe du 27 juin 2018 de MKRU, la presse française réagissant par la suite par divers articles tous aussi… peu informés, de journalistes n’ayant pour l’essentiel jamais mis les pieds en Russie. La réaction francophone dans les médias débuta seulement à partir du 29 juin, mais l’article d’origine était parti d’un certain… Platon Sergueévitch Bessedine. Né à Sébastopol le 2 juillet 1985, Bessedine a vu le jour en Union soviétique, mais lorsque ses premiers souvenirs d’enfants purent se fixer, le monstre soviétique s’était écroulé de lui-même laissant place à l’Ukraine indépendante (1991). L’année suivante, la Crimée qui avait voulu passer son chemin et se séparer de l’Ukraine, accepta de rester dans le giron ukrainien à la condition d’avoir son parlement et une large autonomie. Nous ne reviendrons pas sur les événements récents connus de tous des différentes révolutions colorées, de l’Orange au Maïdan, de l’affaire de Crimée à celle du Donbass, chacun ici jugera en son âme et conscience de sa propre opinion. C’est dans cette ambiance qu’il grandit, trouvant difficilement sa voie après de nombreux métiers, professeur, sommelier, gardien de sécurité, rédacteur enfin. S’étant mis à écrire, sa plume fut bientôt repérée et c’est désormais de Russie que l’Ukrainien a continué sa carrière pour les plus grands journaux moscovites : Moskovski Komsolets, Izvestia, et beaucoup d’autres, sans parler bien sûr des livres que nous avons évoqués, Le livre du Pêché (2012), Agenda de l’Ukraine russe (2015), Les enfants de décembre (2017). Il se sera fait remarquer particulièrement pour son enthousiasme dans le retour de la Crimée à la Russie, puis dans son article provocateur sur le comportement des femmes russes durant la Coupe du Monde de Football. Était-ce une provocation d’usage, une sorte de coup de gueule commercial, ce qui est une méthode de vente désormais commune dans le monde entier ? Ce qui était un fait divers totalement inintéressant dans les nouvelles internationales, un phénomène moderne des scoops sensationnels et croustillants s’est transformé pour la presse occidentale en nouvelle de première importance… toutes les occasions sont évidemment bonnes (et en période de Coupe du Monde de football alors que l’équipe russe poursuit son épopée) d’enfoncer la Russie, particulièrement à travers les femmes russes déjà cibles passablement privilégiées en Occident. En quelques heures, avec L’Équipe, Sofoot, Minute, JeanmarcMorandini, l’information circule donc dans les médias francophones, d’autant plus réjouis qu’une Russie se tirant dans le pied avec ses propres journalistes, ceci relève plutôt de la rareté. L’aubaine était donc trop grande pour que la masse de commentaires caustiques ne se répande pas comme un torrent sur la toile. D’aucuns valident par ailleurs d’entrée de jeu la culpabilité « avérée » des femmes russes dès le titre, par un « La Russie indique et indignée », selon certains ce sont les hommes russes qui seraient d’affreux misogynes, ce qui expliquerait l’article assassin et honteux de la presse russe, selon d’autres les femmes russes seraient vraiment « ces marie salopes qui écartent les jambes en entendant n’importe quelle langue étrangère ». Platon Bessedine se montre effectivement un réactionnaire horriblement vulgaire et vindicatif lorsqu’il déclare : « Nous sommes fiers de la façon dont la Russie détruit les clichés qu'on a sur elle, mais il y en a un qui ne cesse d'être confirmé pendant la Coupe du monde : la vénalité des femmes russes. Nous avons éduqué une génération de putes, prêtes à ouvrir leurs jambes dès qu'elles entendent le son d'une langue étrangère. La conscience des filles russes, qui draguent les étrangers, ne connaît pas la signification du mot honte, de la morale. L'organisation du Mondial démontre la dépravation de notre société, prouvée auprès des étrangers par la débauche des femmes russes, prêtes à tout pour attirer l'attention. »[1]
Le Temps des incompréhensions.
Une chose est certaine l’article de Bessedine avait pour but de fustiger les femmes, ou plutôt les jeunes filles ayant des contacts avec les supporters de football venus de l’étranger. C’est effectivement une grande crainte des Russes, instaurant une certaine nervosité dans la gente masculine de Russie, qui de toute façon existe déjà depuis très longtemps. Avec des populations féminines de 130 à 115 femmes pour seulement 100 hommes dans des pays comme la Russie, l’Ukraine ou la Biélorussie, nous avons déjà largement expliqué les conséquences de cette anomalie démographique slave. Dans les années 2000, le taux de natalité des femmes slaves s’était retrouvé au plus bas, frôlant l’unique enfant par couple, ce qui voulait dire un irrémédiable et rapide déclin démographique. En effet, pour se renouveler une population doit impérativement avoir un taux au moins égal à 2 enfants par couple, en France légèrement supérieur du fait du manque de femmes par rapport aux hommes (100 femmes pour 105 hommes). L’impression générale dans le monde slave c’est que les femmes russes, ukrainiennes, biélorusses doivent rester dans leur patrie… pour y faire des enfants, pour des raisons patriotiques, de survie des civilisations des Slaves du Nord. Pour d’autres, notamment dans l’idée des ultranationalistes panrusses ou panukrainiens, l’idée de voir leurs femmes, même en surnombre, qui ne trouveraient pas de maris, partir à l’étranger pour se marier, ou se marier avec des étrangers est insupportable. C’est ici que se trouve l’incompréhension très humaine d’hommes russes ou ukrainiens ne supportant pas l’idée de leurs femmes dans des bras étrangers.
Depuis très longtemps déjà, des auteurs russes, ou ukrainiens fustigent ainsi les femmes slaves qui partent loin, qui se marient avec des étrangers, des qualificatifs très durs sont lancés à la face « de ses femmes légères ». Quelques années auparavant ces femmes étaient accusées de plomber la démographie, de scier les bases de la natalité, mais aujourd’hui la Russie, par sa bonne santé économique et une forte dynamique a fait une remontée spectaculaire, plaçant son taux de natalité à 1,75. Mais les attaques ne faiblissent pas et l’homme russe n’a pas compris par ignorance, qu’en s’attaquant à la femme russe, il donnait tout simplement des munitions faciles à toute une presse occidentale à sensation, qui lacérait déjà de longue date la femme russe. Dès lors bombardée intensément, pour des raisons essentiellement politiques, avec des ramifications s’étendant par ailleurs à tout le monde slave, la femme russe, icône de beauté et de grâce fait en effet des jaloux (et jalouses), au point de susciter une haine parfois indécente et à peine déguisée. Pour d’autres, cette beauté, cette intelligence, cette spontanéité ne peuvent cacher que des sentiments noirs et vils, mais pour beaucoup, grands ignorants de la Russie, la femme russe devient synonyme de la femme ukrainienne, biélorusse, moldave, balte etc. Un article russe montrait aussi des supporters argentins entourant une unique jeune fille blonde russe (avec les tweets desdits supporters se vantant de leurs futures parties fines avec les femmes russes), un autre encore de très jeunes filles mineures approchées par des supporters tentant de leur faire dire des mots d’espagnols, sans parler de morceaux de vidéos de jeunes personnes faisant la fête ensemble, tard dans la nuit dans un parc. Avec le règne de l’image, il est en effet possible de décider à l’avance d’un thème, puis de partir en chasse de scènes filmées qui mettront en exergue le propos. Quoi de plus facile… immoral et mensonger, mais c’est ici la réalité.
Peurs et fantasmes russes et occidentaux.
C’est ainsi que des milliers de Français sont arrivés pour assister aux derniers matchs de l’équipe de France, elle jouait le 26 juin contre le Danemark, et le 30 contre l’Argentine lors de la coupe du monde de Football en Russie de 2018. Dans les idées reçues véhiculées par les guides touristiques et les médias, la femme russe n’était pas la dernière. Mais laissons parler Hervé, Moscovite et ayant pendant 4 jours écumé la ville justement en compagnie de supporters français :
« Il faut bien comprendre qu’il y a en ce moment à Moscou un très grand nombre de touristes étrangers venus pour le football, cela se voit immédiatement car chacun d’entre eux porte des maillots ou des signes distinctifs de leur pays. Nous avons vu beaucoup d’étrangers dans les rues, ils se répandent dans les lieux touristiques emblématiques, les principaux musées, le Kremlin, la Place Rouge, quelques zones où se trouvent des restaurants, des hôtels, les stades, les magasins officiels de souvenirs FIFA, les fans zones ou les lieux de loisirs. Dire que les femmes russes sont faciles avec les touristes étrangers me choque de la part de ce russe. Ce n’est pas ce que j’ai vu. Dans le groupe de touristes que je guidais, il y avait des jeunes français, d’une vingtaine d’années. Ils se sont fait aborder en effet par quantité de jeunes femmes pour des photos de groupe, des poses avec les drapeaux, je dis bien des quantités, à la différence près que ces femmes… n’étaient pas Russes ! J’ai vu beaucoup de Sud-américaines, d’Américaines, et je me souviens de deux… Françaises du lycée Alexandre Dumas de Moscou, de deux jeunes filles d’Azerbaïdjan qui demandaient à l’un des garçons son Instagram et de poser avec eux sur des photos… Nous avons vu aussi des enfants, des adolescentes, qui, attirés par l’aspect exotique, rigolo, les chants ou les facéties des supporters, s’approchaient d’eux. Alors certes, je n’ai pas écumé les discothèques et le milieu de la nuit moscovite, mais là comme partout en Europe, dans le Monde, n’y a-t-il pas des femmes légères ? La réaction du Criméen Platon Bessedine était idiote et violente j’en conviens, mais déplacée aussi par rapport au football, comme si la Coupe du Monde ne pouvait se résumer qu’à quelques femmes faciles… mêmes russes et jolies ! Alors que France Football y aille de son article pourquoi pas, mais alors nous montrer des jeunes filles d’un groupe folklorique et de surcroît musulmanes du Tatarstan, de l’Oural ou de Sibérie comme dans cet article , alors là, en plus de la bêtise de ce journaliste (même russe), nous avons l’idiotie ridicule d’un autre journaliste bien Français qui lui en rajoute une vilaine couche en ajoutant un peu de propagande du Cosmopolitan, journal américain qui a une version française, je cite : « un mélange infernal de misogynie, d'ignorance et de racisme somptueusement étalé dans les pages d'un média national. »
Décidément la femme russe passionnera toujours l’inconscient des hommes, qu’ils soient d’Occident ou du monde slave. Qui parmi les premiers se douteraient d’ailleurs que dans l’imaginaire des hommes russes, la plus belle femme du monde est… Française ? Avec les stéréotypes liés à Paris ville éternelle de la mode, ville qui donne le ton, avec l’image des défilés, des parfumeurs célèbres, les Russes imaginent donc que les plus belles femmes du monde sont de France. Il est dès lors assez cocasse de penser à ces hommes russes jaloux de la sauvegarde « de l’honneur » de leurs femmes, même si sur 120 d’entre elles, par faute d’hommes, une bonne vingtaine seraient dans l’impossibilité absolue de découvrir un compagnon tout court, à fortiori de bon aloi. Encore plus amusant de penser que ces hommes rêveraient de belles françaises, tandis que l’homme francophone reste bouche bée devant l’apparition d’une femme slave ! Dans le cas du triste Platon Bessedine, qui aurait sans doute dû se limiter à ce qu’il savait bien faire, la violente sortie contre la femme russe est d’autant plus stupide que pour ceux qui connaissent la Russie, l’Ukraine, les pays slaves, cette femme russe est une des plus honnêtes, prudes, sérieuses d’Europe. Ainsi, entre des journalistes intéressés par bêtise ou intérêts propagandistes à salir la femme russe ou ukrainienne, et d’autres journalistes russes ou ukrainiens faisant de l’urticaire à l’idée d’être supplantés par des hommes venus de pays voisins ou lointains, le fameux mélange cité par le Cosmopolitan serait plutôt de l’ordre d’une alliance de circonstance entre des hommes n’écrivant pas en réalité le vrai fond de leurs pensées.
Car la seule et unique vérité est qu’il y a des femmes vénales dans tous les pays, et plutôt en plus grande quantité dans les pays occidentaux, pour des raisons historiques, avec une longue tradition de la société de consommation, du libéralisme, du capitalisme, de l’individualisme, du sexisme et enfin d’une plus grande liberté des mœurs. Non Messieurs les journalistes d’Occident la femme russe n’est pas une poupée écervelée, non Messieurs les journalistes slaves la femme russe n’est pas une créature sexuelle… même si dans le fond, que vous soyez de l’Ouest ou de l’Est, vous voudriez qu’elle le soit… juste pour vous !
Hervé et l’Agence CQMI
[1] http://www.sofoot.com/la-russie-choquee-par-un-article-qui-fustige-les-femmes-russes-457757.html , article de Sofoot du vendredi 29 juin, d’un certain S. B.
Antoine Monnier
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL