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La poissonerie Chez Antoine a fermé
Cher Ami,
Autrefois, j'avais une routine tous les samedis midis.
Je partais à pied sur la rue Laurier pour me rendre à la poissonnerie Chez Antoine sur l'avenue du Parc à Montréal.
Une belle poissonnerie, toute petite et simple, tenue par des Portuguais.
J'y trouvais toujours des morceaux de qualité, frais et délicieux à manger : saumon sauvage, morue, loup de mer, bar de mer, dorade et même parfois du Homard.
Sur mon chemin du retour, je m'arrêtais immanquablement à la boulangerie-pâtisserie Gascogne pour m'acheter un bon pain frais ainsi que quelques pâtisserie pour le week-end.
C'était mon grand plaisir du samedi.
Or voilà, ça fait déjà presque 5 ans que ce ne sont plus que des souvenirs, qui sont restés chauds à mon coeur.
La boulangerie et la poissonnerie sont fermées depuis belle lurette.
La faute à qui, à quoi ?
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Est-ce la mondialisation, l'économie de marché qui est responsable de dommages collatéraux.
Si on commence par la poissonnerie, il faut vous dire que sur l'avenue Saint-Joseph, dans le quartier, s'est ouvert un grand centre de la mer : Odessa.
Vous qui connaissez l'Ukraine, ça doit vous faire sourire.
Odessa voit les choses en grand : c'est une espèce de grande surface de la poissonnerie avec une trentaine d'employés et des montagnes de poissons et fruits de mer.
Le seul problème, c'est que la qualité n'est pas au rendez-vous. On s'est déjà intoxiqué plusieurs fois avec les produits de la mer d'Odessa.
Bref, on a arrêté de manger du poisson.
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Pour la boulangerie de Gascogne c'est un peu plus subtil.
Il existe au Québec une chaine de boulangerie-patisserie qui s'appelle Première Moisson.
Eux aussi font les choses en grand. Ils font du pain et des desserts pour tout le Québec.
Ils s'implantent partout, dans les grandes surfaces, dans les quartiers, sur le même système qu'une franchise.
Leur stratégie est bien rodée.
Ils phagocytent (synonymes : accaparer, absorber, étouffer, cannibaliser)
Quand ils voient une boulangerie qui marche bien dans un quartier, ils s'implantent juste à côté et ils étouffent le concurrent.
Imaginez le brave artisan boulanger français qui s'installe au Québec et passe une vingtaine d'années à se développer sa clientèle locale à force de faire du bon pain avec une recette maison de père en fils.
La chaine Première Moisson installe une boulangerie en face de chez lui et en moins de 2 ans, le pauvre gars dépose le bilan.
Première Moisson récupère alors toute sa clientèle et le spot.
Pas besoin de faire d'étude de marché, on se contente d'absorber.
Les clients du quartier qui aime le bon pain apprécieront.
Du pain traditionnel fait avec amour par un artisan boulanger formé à la vieille école, ils mangent maintenant une baguette standardisée Première Moisson, faite selon une recette unique dans tout le Québec, laquelle a été savamment développée par une cohorte d'ingénieurs biochimiques qui ont choisi le bon dosage pour passer inaperçu tout en réduisant les couts.
Le monde se standardise.
On se rapproche de plus en plus de la vision d'Aldous Huxley : Le Meilleur des Mondes.
Ce livre visionnaire se réalise presque dans chaque détail dans notre monde qui change.
Il a pourtant été écrit ce roman en 1932.
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La pandémie du COVID va accélérer ce phénomène.
Les petits commerçants ne tiendront pas longtemps. Seuls les gros poissons survivront.
Presque 30 ans après, je me souviens nettement d'une discussion récurrente qui avait lieu entre ma grand-mère et mon grand-père en France dans une petite ville de franche-conté.
Alors que la grande surface Géant-Casino venait de s'installer aux portes de la ville, mon grand-père insistait pour aller acheter son pain à la boulangerie du coin et son poulet rôti à la boucherie locale. Mon grand-père adorait discuter avec les commerçants en promenant son chien.
Ma grand-mère avait remarqué que l'épicerie coutait bien moins cher au Casino...
Le dilemme....
La qualité ou le prix ?
Quel est votre choix ?
Aujourd'hui, 30 ans après, dans le village de mes grands-parents, il n'y a plus de commerce local depuis des lustres.
Par contre, il y a maintenant un second centre commercial qui fait concurrence au Géant-Casino.
C'est la guerre des prix !
Au final, c'est toujours le prix le plus bas qui gagne, non ?
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Dans son roman, Aldous Huxley décrit avec une netteté saisissante, le devenir des relations Homme-Femme dans le monde de demain.
Pour vous donner une idée, il avait déjà délimité les contours du PACS en 1932...(le pacte civil de solidarité en France)
C'est pas mal tout de même !
Il décrit un nouveau type de relation interchangeable où chaque homme et femme est contraint de changer de partenaire à intervalle régulier, pour éviter de développer des sentiments.
Le divorce est devenue une obligation. On ne divorce plus par choix, c'est une obligation imposée par la société, pour éviter de s'attacher.
La reproduction des êtres humains a lieu dans une usine de reproduction à la chaine.
Le sexe ne sert plus pour la reproduction, uniquement pour le plaisir et pour obtenir une stabilité sociale : voir le LIVE 85.
Les relations interchangeables, ça ne vous dit rien ?
C'est le SWIPE de Tinder.
Un peu comme la baguette Première Moisson à la texture et au gout uniformisé, on aura des relations de couple standardisées et courtes dans le temps, avec le moins de sentiment possible.
On enlève le gout.
D'ailleurs, on prend des pilules apaisantes au moindre signe d'apparition de sentiments.
Cela ne vous rappelle pas les antidépresseurs ?
Lisez ce livre, ça en vaut vraiment la peine :)
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Le message que je veux faire passer dans cette lettre, c'est que vous avez encore (un peu) de choix.
Je précise bien : un peu.
Quand vient le temps de choisir entre l'artisan et le centre commercial, ne pensez pas seulement à votre porte-monnaie.
Pensez aux conséquences de vos choix.
Si vous vous inscrivez sur un site de rencontre avec 15 ou 20 millions de membres, posez-vous la question de savoir quel est réellement votre libre arbitre.
Dans quelle mesure, y ferez-vous des rencontres qui vous correspondent réellement ?
Si j'achète un poulet aux hormones au centre Géant qui coute 5 euros de moins que celui de mon artisan boucher, est-ce que je fais vraiment une bonne affaire?
Mon grand-père pensait que non.
Si je m'inscris sur Meetic, Badoo, Adopeunmec, Anastasia ou Charmdate, est-ce que je fais une bonne opération ?
Quand bien même je réussirais à rencontrer quelqu'un sur ces sites, est-ce que cela n'aurait pas le même gout standard et uniforme que la baguette de Première Moisson ?
Voilà des questions importantes à se poser quand on est à la recherche de l'âme soeur.
Posez-vous des questions par rapport aux choix que vous faites, sans vous limiter à l'aspect financier seulement. (même si c'est important, cela ne peut pas être votre seul élément de décision)
Par exemple, si vous achetez un poulet dopé aux antibiotiques et aux hormones, en économisant 5 euros, est-ce que vous faites réellement une bonne opération pour votre santé ?
Adaptez ce mode de pensée à la rencontre amoureuse.
Par exemple, ma femme Boryslava, sans l'aide active et efficace de notre premier partenaire à Kiev, l'aurais-je rencontrée ?
Pas sûr...
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Des lectures pour la période de confinement :
Pour finir, je suis tombé complètement par hasard sur ce livre qui parle d'un homme qui tombe amoureux d'une femme ukrainienne 50 ans plus jeune que lui. (lien ici)
Une lecture forcément intéressante !
Je vous souhaite un bon week-end en santé !
Antoine.
Antoine Monnier
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL