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Les Russes mariées à des francophones sont-elles des femmes dominées ?
Dans une intéressante étude, sortie d’un ouvrage collectif dénommé Recherches familiales, deux chercheurs universitaires, Ronan Hervouet de l’Université de Bordeaux, maître de conférence en sociologie, et s’occupant beaucoup de la Biélorussie, au sens politique du terme, s’était associé à Claire Schiff, autre professeur et sociologue de la même université pour travailler sur « Des épouses dominées ? Mariages transnationaux inégalités dans le couple et parcours de vie en France de femmes russes, biélorusses et ukrainiennes ». Dans ce sujet très intéressant pour l’Agence CQMI, la question se posait donc sur ce qui était décrit comme le phénomène des mariages mixtes, qui sont effectivement en France, et ailleurs en constante augmentation. C’est les mariages franco-russes qui sont particulièrement populaires, avec pas moins de 1 200 couples étant passés devant le maire en 2016, dont 95 % d’entre eux sont sur le schéma, homme français, femme russe.
Dans cette étude, vous apprendrez qu’au final nos chercheurs n’auront réussi qu’à s’entretenir avec 20 femmes slaves, et n’en présentent ici que 5, dont 3 Russes, 2 Biélorusses, contrairement à ce qui était à la base annoncé. La recherche était assurément, au vu du ton de départ, celui d’une propagande où il aurait été question de raisons politiques, ou de raisons économiques qui de prime abord sont celles évoquées par les stéréotypes des médias français. L’étude en question, aura eu le mérite de montrer cinq femmes qui ne seront pas venues en France, ni pour des raisons politiques, ni pour des raisons économiques… ce qui explique peut-être l’absence de l’Ukraine ou de la Moldavie, pays ayant un PIB par habitant de 4 à 5 fois inférieur à la Russie. Disons également clairement que dans leur constatation, ces 20 femmes de Russie et de Biélorussie étaient toutes diplômées du supérieur, et parmi les 5 décrites, 3 étaient arrivées en France par leurs études, une par une agence matrimoniale, une dernière par un site de rencontre. Sur ces 5 femmes de 40 à 55 ans, donc toutes nées à l’époque soviétique, toutes étaient originaires de moyennes ou grandes villes de Russie, Biélorussie et Ukraine, aucune n’était venue… pour se faire dominer.
Jouer avec les mots, ce que les universitaires entendent par dépendance.
Dans l’intéressant travail de 11 pages qui est proposé, la domination dans le couple et la dépendance se caractérisent avant tout par une sorte de trinité qui rend l’épouse inférieure : 1) la maîtrise de la langue française, 2) la question matérielle, le revenu, 3) la question juridique, les documents administratifs ouvrant des droits. C’est ici que l’homme francophone, quel que soit son pays, même si l’étude aborde la France, aura finalement du pouvoir, une marge de manœuvre inédite par rapport à son épouse. En effet, il sera effectivement dans la possibilité de dominer certaines situations par son grand confort dans un milieu hyper connu, tandis que son épouse devra assimiler quantité de règles et de choses, qui d’après nos chercheurs universitaires permettent « des victimes de la domination symbolique, au fait qu’elles accomplissent avec bonheur les tâches subalternes ou subordonnées qui sont assignées à leurs vertus de soumission, de gentillesse, de docilité, de dévouement et d’abnégation ». Mais en dehors de cette propagande grossière de la part de ces universitaires, qui par ailleurs nous a fait rire en même temps qu’elle est navrante, la description des femmes dans l’étude est riche d’enseignements.
Nos chercheurs s’étonnent de situations qui de fait n’ont rien à voir avec la politique ou l’aspect économique, et glissent finalement vers la domination annoncée de ces hommes supposés « méchants et violents », à la recherche de femmes au foyer ! La réalité, et c’est tout à leur honneur de l’avoir publié, malgré les déceptions qui se ressentent dans la façon d’écrire, c’est que ces 5 femmes russes et biélorusses ne sont pas venues en France pour des raisons mauvaises, fausses, contraintes, en fuite, ou par dissidence politique ou misère complète. Elles sont venues pour d’autres raisons qui sont essentiellement la recherche d’un homme qui leur corresponde, d’un couple heureux, de conditions sociétales certes peut-être meilleures, mais de fait plus difficiles aussi car comme vous le verrez ces femmes ont quasi toutes perdues un statut, dans une échelle sociale slave où elles étaient considérées, tombant dans les aléas des immigrées, travail modeste, revenus modestes voire franchement mauvais, méfiance de l’entourage français, propagande antirusse omniprésente, difficultés d’insertions notables et trajectoires souvent très difficiles, à la rencontre de la condescendance de Français ignorants, pour ne pas dire ignares, voire parfois bêtes et méchants. Quant aux hommes, mis à part le mari d’une des femmes en question, ils se seront montrés majoritairement « aux petits soins » avec leurs compagnes, entendre ici dans la douceur, les attentions, l’amour, les bons petits plats, les loisirs, le plaisir de faire découvrir, de montrer, d’accompagner et dans l’art du compromis qui est une des constantes de l’homme français, et francophone. Mais abordons la destinée de 4 de ces 5 femmes, en espérant que vous aurez la patience de lire le long document du lien que nous avons fourni plus haut.
Svetlana, ou comment retrouver une vie « normale ».
C’est ainsi que cette femme venue d’une grande ville du Sud de la Russie, ayant la cinquantaine, s’exprime à propos de son émigration en France. Elle raconte une carrière brillante d’universitaire dans la Russie soviétique, un mariage avec un officier supérieur de la police, la naissance d’une petite fille. Cette femme indique que jamais elle n’aurait pensé à devoir un jour découvrir un homme ailleurs, changer de pays, chambouler sa vie. Il faut dire que née vers 1958-1968, toute son enfance et ses jeunes années d’adulte se déroulèrent dans un univers bien précis. Elle faisait partie de l’élite de son pays, elle pouvait espérer une carrière qui la conduirait vers de plus hautes fonctions, et son mari qui occupait un grade d’officier dans la fonction publique pouvait en espérer autant. Elle l’explique elle-même, la chute de l’URSS atomisa tous ses plans et ses rêves et jusqu’à une génération entière d’hommes russes, qui désormais étaient à la dérive, c’était l’époque où les salaires n’étaient plus versés dans les administrations, son mari sombra dans l’alcool. Bien vite, elle divorça, se retrouvant à charge de son enfant et tout à fait seule.
Elle témoigne : « on vivait très bien, je gagnais très bien ma vie avec mes deux salaires comme directrice de musée et comme enseignante, mes conférences et visites guidées. Je pensais que ma carrière allait être flamboyante, et que ça allait continuer comme ça, je n’ai jamais imaginé que j’allais quitter la Volga […] tout a changé, j’avais un peu plus de 30 ans, la fleur de l’âge, et tu comprends que tout ce que tu es capable d’apporter, toute ta renommée, tout ce que tu as fait, toute la passion que tu as investie dans ton travail, ça ne vaut plus rien, j’ai bien compris que dans cette situation, on ne peut pas trouver des hommes, parce les hommes de ma génération sont anéantis… il n’y a en plus. » Alors, par l’intermédiaire de connaissances, elle peut communiquer à distance avec un Français… son futur mari : « l’objectif n’était pas d’émigrer, de partir, c’était plutôt un objectif de femme, ne pas rester seule, c’est tout. Voilà bêtement pour moi, parce que j’approchais quand même des 40 ans, c’est normal, ce n’était pas du tout ma vocation de rester seule (rires). » La suite vous la découvrirez, elle reprit des études supérieures en France, se maria, obtînt ses premiers boulots, put s’épanouir ne regrettant pas sa vie passée bien au contraire.
Karina, une musulmane Karatchaï du Caucase, faire souche en France pour s’émanciper !
C’est une jeune femme intelligente, d’un milieu social aisé mais marqué aussi par son ethnie. Née en Union soviétique à la fin des années 70, c’est par ses études supérieures de la langue française, qu’elle débarque un jour de 1999, dans une université du centre de la France. Passant par un emploi dans une société française à Moscou (2001), elle découvre l’univers horrible des expatriés français, mais ne se décourage pas pour autant et reste fermement francophile malgré tout. C’est en retournant étudier sur les bancs de l’université française qu’elle finit par s’intégrer dans un bon groupe d’amis, avec qui elle sympathise, y trouvant même son mari et père de ses enfants. Dans son univers strict, en partie par la religion, en partie par ses traditions, elle va braver l’interdit et l’opposition de ses parents. Elle a goûté à la liberté, elle veut choisir son époux, aussi ce sera un Français, employé des chemins de fer. Malgré les difficultés et le non soutien de sa famille, elle s’impose à tous… en France, comme en Russie en déclarant : « après la naissance de leur deuxième enfant, mon mari prendra cette fois un congé parental. Karina apprécie le partage des rôles dans son couple et explique que si elle a épousé un Français, c’est pas pour faire des idioties de là-bas », comprendre épouser un mari choisit dans son ethnie et par sa famille. Sa francophilie l’aura donc poussé vers un homme français dont elle a appris les qualités, la culture, la langue, et elle pousse son intégration au maximum, tout en développant les deux langues dans son foyer familial, ses deux enfants sont bilingues et elle passe deux mois avec eux chaque été en Russie, dans le Caucase auprès de ses parents… L’acariâtre mais cultivé beau-père de notre Français, lui aussi charmé par la cuisine que lui mijote dans ses séjours son gendre, se laisse aussi tenter par le progrès… il indique que sans doute à la retraite il se mettra lui aussi à la cuisine ! C’est donc un couple très heureux, et une volonté de s’émanciper qui aura conduit la jeune Karina à l’émigration et l’intégration complète dans le pays de son mari. Nous sommes loin là des stéréotypes des médias occidentaux !
Maria, de la langue française sur les bancs d’une école, à un double mariage en France.
La troisième destinée qui nous ait conté dans les lignes de cette étude universitaire, c’est celle de Maria, née en 1978, dans une ville de l’Ouest de la Biélorussie soviétique. C’est très jeune, au milieu des années 90, qu’elle découvre via la langue française qu’elle avait apprise sur les bancs de l’école, la France à travers un emploi de jeune fille au pair. Ce séjour est évidemment à cette époque économique, dans les affres dantesques de l’après chute de l’URSS. Mais elle y découvre son futur mari, un gendarme qu’elle épouse et qui l’emmène dans le sillage de ses mutations dans les DOM-TOMS. Le métier de son mari lui permet une vie tranquille et ordonnée, les gendarmes sont en effet logés, leurs salaires sont corrects et elle peut s’adonner à la reprise d’études supérieures en France. A force de travail elle obtiendra un Master II, un beau parcours, d’autant qu’au retour en France dans la ville d’origine de son mari, elle est employée au service des affaires culturelles de la municipalité, la voici fonctionnaire, indépendante. Comme elle le raconte, ses relations avec son premier mari s’endorment, c’est naturellement qu’ils divorcent en bon terme, elle tombe plus tard par hasard dans les bras d’un bon parti, un architecte, qu’elle trouve intelligent, beau et qui l’embourgeoise. Habitante des beaux quartiers, « gâtée » comme elle l’indique elle réussit finalement dans tous les domaines de sa vie, son adaptation totale s’accomplit sur tous les plans, nous sommes loin là encore des loupes déformantes des médias occidentaux ! Dans son cas précis, cette femme aura visé l’ascension sociale, qu’elle aura atteinte, devenant par ailleurs cadre dans son service de la mairie. Certains diront qu’elle aura abusé du premier mari, le divorce facile et apaisé parle plutôt dans l’autre sens, toutes les femmes « russes » ne partent pas avec la maison et le compte en banque !
Elena, de la désespérance du célibat sans fin, jusqu’à l’agence matrimoniale.
Et oui, nous le disons souvent à l’Agence CQMI, les femmes russes, ukrainiennes et biélorusses sont beaucoup plus nombreuses que leurs hommes, de l’ordre selon les régions et les villes de 115 à 130 femmes pour 100 hommes seulement. Elena est Biélorusse, elle est née en 1980, dans l’Union soviétique finissante dont elle ne doit garder que les souvenirs difficiles des temps post-soviétiques. C’est une femme diplômée du supérieur, une employée de banque et une citadine, vivant alors dans la capitale, Minsk. Craignant beaucoup de rester vieille fille, elle s’adresse aux agences matrimoniales, nous sommes alors en 2006. Elle y découvre son mari, un Français qui n’est qu’ouvrier agricole, mais fils de parents eux diplômés du supérieur. Pour elle, c’est la mauvaise pioche, son mari est un goujat, nous nous en serions doutés en pensant qu’il n’aura pas réussi à garder au moins le statut de ses parents. Il y a des choses dans la vie qui ne s’explique pas, les générations passent, il y a ceux qui grimpent, ceux qui dévissent, ceux qui profitent et détruisent. Les débuts sont pourtant heureux, puisque notre citadine s’accroche à sa vie campagnarde, c’est le mariage (2007), un enfant (2009), mais là s’arrête l’osmose. Le couple s’oppose pour tout le reste, la gestion de l’argent, les tâches domestiques, l’éducation des enfants, la sexualité. Ces années de conflits la conduisent toutefois à découvrir un modeste emploi au SMIC (2012), la nationalité française (2013), puis c’est le divorce qu’elle provoque, nous n’en saurons pas plus, particulièrement sur le déroulement de celui-ci, le témoignage fut tout de même livré en 2016 ou 2017. A l’orée de la quarantaine, la voilà donc disponible, dans un monde où il existe 105 hommes pour seulement 100 femmes. Il est probable qu’Elena qui cherchait un mari pour fonder une femme, aura retrouvé, ou retrouvera bien vite un autre homme, plus digne d’elle et plus en adéquation avec son caractère. Nous ne saurons jamais si elle aura exagéré sur les demandes pressantes de sexe de son premier mari, qu’elle évoque dans l’interview, c’est assez peu le caractère des femmes russes, biélorusses et ukrainiennes, mais quand il n’y a plus d’amour, l’on comprend bien que l’envie de satisfaire les besoins du mari dont on s’écarte petit à petit, n’est pas au rendez-vous, loin de là. Elle aura tout compris du monde français en quelques années… c’est une assistante sociale française qui aura remonté la manivelle du processus. Quoi qu’il en soit de cet échec, Elena n’était pas venue… ni pour fuir une dictature, ni pour des raisons économiques, mais pour trouver l’Homme, son homme !
L’histoire se poursuit avec une cinquième femme, Tania, dont nous vous laissons découvrir le profil, une Russe, à la quarantaine passée, arrivée en France par un site de rencontre, mais francophile, francophone et ayant fait de brillantes études de langue en Russie et en France à la fin des années 90.
C’est une histoire qui se termine en demi-teinte, mais Tatiana ne sera pas venue en Occident pour d’autres raisons que ses orientations d’études, la langue française. A l’Agence CQMI, des centaines de femmes ressemblant à celles que nous venons de voir sont inscrites comme adhérentes. Contrairement à l’impression qui est donnée ici, la majeure partie des femmes qui cherchent un mari francophone, ne sont pas dans la connaissance de la langue de Molière ! Le hasard des interviews et le milieu très particulier où a été faite cette étude universitaire, font que la réalité est toute autre. Vous aurez en face de vous des centaines de Svetlana, Maria, Karina, Elena et Tatiana… mais souvent seulement russophones, parfois anglophones ou germanophones. Nous espérons toutefois vous avoir convaincu que non, les femmes slaves ne cherchent pas souvent un compte en banque bien rempli, des papiers ou un mari à dépouiller de sa maison. En parcourant les profils vous pourriez être très surpris, non seulement par ces femmes, mais nous espérons aussi que vous retiendrez les erreurs commises par ces hommes français : un mariage se fait à deux, une épouse doit être choyée, un projet partagé, votre soutien doit être indéfectible et vous n’épouserez pas seulement un sexe… mais bien une femme ! Et à la question si vous épouserez une femme dominée, vous aurez bien compris à lire les parcours de vie de ces femmes qu’il n’en sera rien, malgré les propagandes, une femme slave reste entière, une femme de décision tout autant que de cœur, certainement pas une femme manipulable, encore moins un défouloir…
Antoine Monnier
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL