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Femmes russes et ukrainiennes et ces « Français » toujours fatigués !
A travers l’expérience d’Antoine Monnier directeur de l’Agence CQMI, marié avec une Ukrainienne, et celle d’Hervé Jouhet marié quant à lui à une Russe, nous allons tenter au moyen d’une chronique particulière sous la plume du second de vous présenter quelques standards et quelques conseils à l’usage d’hommes francophones qui rêveraient, espéreraient et décideraient de créer une relation maritale avec une femme russe ou ukrainienne. L’un comme l’autre ont écumé le monde slave, tant l’Ukraine, que la Russie, mais aussi d’autres pays périphériques. L’un comme l’autre sont passés par une étape de recherche amoureuse similaire, faite de rêves qui se sont réalisés… mais pas tout seuls ! L’un et l’autre sont parfaitement russophones, ont étudié en Russie la langue de Pouchkine, le premier a longuement résidé dans le pays et dans la ville mythique de Saint-Pétersbourg, en passant par la Sibérie, le second est moscovite, cœur palpitant de la Russie, après avoir connu l’Oural et le Sud du pays.
Épouser une femme russe ou ukrainienne, et donc bien sûr appréhender cette union lorsque vous serez à l’étape de la rencontre, des premiers contacts et bientôt émois, vous ne pourrez certainement imaginer ce qui vous attendra et les principaux défis qui seront les vôtres face à cette femme. Qu’elle soit Russe ou Ukrainienne, cette femme est née dans une société très différente de celle que vous aurez connue vous-mêmes en France, en Belgique, au Québec ou en Suisse. Une femme ukrainienne ou russe aura en effet parcouru jusqu’à vous, 25, 30, 40 ou 50 ans de vie dans un univers qui semble très proche et similaire culturellement, mais est de fait, très éloigné. Il y a le poids bien sûr des traditions, celui de la famille, il y a les mentalités, les us et coutumes, ainsi que le rapport aux mœurs. Vous découvrirez bientôt l’univers… parfois agaçant des chocs de culture entre nos deux mondes, avec son lot de très beaux moments, et ceux moins évidents de l’incompréhension. Dans les stéréotypes constants qui reviennent dans les bouches des femmes slaves, russes ou ukrainiennes, il y a cette idée que l’homme francophone, l’homme français est un… éternel fatigué ! Approchons de près un point sensible qui en fera peut-être rugir certains, mais qui mérite que le quiproquo franco-russe soit éclairé.
L’homme russe cet inébranlable défenseur de la Patrie.
Ces femmes russes ou ukrainiennes auront en effet été élevées avec… beaucoup d’hommes, dont le rôle et la place sont définis d’une toute autre manière qu’en Europe occidentale. Si les femmes slaves craquent devant les hommes romantiques et caressants que sont les hommes francophones, qui ont une culture du compromis, de l’échange et du partage, la femme slave n’aura bien souvent connu qu’une seule sorte d’homme : le viril défenseur de la Patrie. C’est une véritable institution en Russie, comme le prouve la fête des défenseurs de la Patrie, jour férié du 23 février, qui honore TOUS les hommes russes, et que les femmes slaves de Russie fêtent à leurs époux, concubins, collègues masculins etc. Chaque homme, à la manière de ce qui se fit dans l’histoire de la Russie (ou de l’Union soviétique), doit en effet être en mesure de défendre le pays, le service militaire obligatoire étant toujours d’actualité pour tous les hommes (12 mois, depuis 2008, 134 000 appelés en 2017)[1]. Selon cet article très révélateur, le service militaire est en effet plébiscité par les Russes à 77 % des jeunes appelés, contre seulement 23 % d’opposants, dans un monde très marqué par une ambiance Guerre Froide 2.0. La situation est légèrement différente en Ukraine, mais le service est également obligatoire (12 mois pour l’armée de Terre et de l’Air, 18 mois pour la Marine), et l’état d’esprit tout à fait similaire à ceux des Russes : un homme, dans l’opinion générale des hommes ou des femmes, doit effectuer son service et pouvoir défendre la Nation. Cet homme sera donc une épaule, un soutien familial, en capacité de nourrir la maisonnée et de résoudre tous les problèmes de la cellule familiale, des problèmes domestiques, en passant par l’entretien du logis ou la pure défense du cercle familial et intime. Cette vision est évidemment presque entièrement effondrée dans le monde occidental. En quelques décennies, en prenant l’exemple français, l’armée nationale de soldats professionnels et d’appelés du contingent a été liquidée. Si l’uniforme fait encore rêver certaines femmes françaises, pour beaucoup l’image du soldat est désormais négative et les stéréotypes souvent erronés ou moqueurs sont ceux du soldat sans cervelle, de la femme esseulée attendant son mari d’un retour lointain de missions aux quatre coins du monde, sans parler des sphères pacifistes, politiquement très hostiles à la fois au soldat, à l’armée, à la guerre et à toutes les armes en général. Les femmes russes et ukrainiennes attendront donc d’un mari, d’un compagnon, une force morale au moins égale à la leur, car aucun peuple dans le monde occidental, hormis les Slaves du Nord, Russes, Biélorusses et Ukrainiens, ne possèdent une capacité de résilience aussi élevée. Qu’est-ce que la résilience ? C’est la capacité de résistance aux privations, aux situations difficiles, aux famines, aux guerres, à souffrir de faim, de soif, d’oppression, à subir des pertes dans l’armée. Le plus grand témoignage jamais relevé d’un francophone par rapport à cette capacité de résistance des Russes c’est celui de… Napoléon Ier et de ses grognards de la Grande Armée. Durant la rude campagne de Pologne de 1807, il disait : « Il ne faut pas seulement tuer les soldats russes, mais il faut encore les pousser pour qu’ils tombent ». Impressionnés par leur résistance, ceux qui étaient alors les meilleurs soldats du monde durent bientôt constater que le soldat russe était un adversaire courageux, rude et difficile à faire plier. Quelques années plus tard, le général Griois dans ses mémoires raconta la légendaire bataille de La Moskova (1812), expliquant comment l’infanterie russe soutînt le feu de son artillerie à cheval sans broncher, à 400 mètres de distance, se faisant décimer par lignes entières, sans un mouvement de panique. Ceci n’a rien de la légende, et les Soviétiques prouvèrent ensuite cette résilience à de nombreuses reprises. La vingtaine de millions de morts de la Seconde Guerre mondiale, entre 20 et 28 millions selon les sources, qui furent les pertes humaines de l’URSS est une immense cohorte de tués, la Pologne seule, ainsi peut-être que la Yougoslavie, pouvant revendiquer des pertes aussi énormes par rapport bien sûr à leur proportion de population. Car dans le monde russe et slave, s’il existe bien une constante, c’est un mépris certain pour la faiblesse, ou ce qui sera interprété comme un signe de faiblesse.
Ma chérie… je suis fatigué.
C’est une bête phrase que tous les francophones auront prononcé un jour ou l’autre dans leur vie. C’est ce que nous pourrions lancer à la fin d’une discussion, c’est ce qui pourrait être aussi dit lorsque vous rentrez du travail, à la fin d’une longue semaine, d’une journée difficile, d’une mission particulière et stressante. Vous découvrirez vite qu’en face de femmes russes ou ukrainiennes, vous ne rencontrerez pas du tout de la compassion, mais au mieux un certain agacement ou un silence poli, au pire des remarques cinglantes qui viendront vite dans les conversations russo-russes entre femmes de francophones, renforcer l’idée que décidément « ces Français sont toujours fatigués ! ». C’est en effet un quiproquo et une incompréhension purement culturelle. Dans le monde francophone, exprimer ses sensations de satisfactions, de compassions, d’empathies ou tout simplement de votre niveau de fatigue, sans parler de vos envies… à faire un tour aux toilettes, est tout à fait normal, mais dans le monde slave, cela sera toujours regardé comme suspect, un signe de faiblesse, une plainte ridicule ou pire la preuve concrète que vous êtes… un « gros mou ». Laissons Hervé nous raconter sa propre expérience en la matière avec son épouse russe :
« Dans mes relations intimes avec ma future femme russe, il m’arrivait toujours de dire des petites phrases sur mon « état », et je n’ai pas vu tout de suite que si je n’avais pas une réponse du style « tu veux que je te prépare un bain ? », c’est que je l’avais choquée. Par politesse et parce que dans les premières mois et années, la présence d’un amour passionnel attendrit les cœurs, il fallut que j’attende un certain temps avant de me faire vertement ramasser un soir ! Je mettais cela sur le compte justement de notre fatigue, lorsque des mois plus tard, et après que je fusse devenu partiellement mais suffisamment russophone, je compris enfin que mon « Ma chérie je suis fatigué » faisait une certaine tâche dans le paysage conjugal ! Nous eûmes bien des discussions depuis autour de ce sujet, et je remarquais en effet que jamais mon épouse ne parlait de fatigue, ce qui dans mes moments de facéties (de mauvais goût !), alors qu’elle tombait littéralement de fatigue me permettait de la taquiner. Par la suite, je fus bientôt impressionné finalement par cette capacité de résistance, que je vis dans la vie quotidienne. L’enseignement que j’ai retenu c’est que les Russes, les Slaves, les Ukrainiens se plaignent peu, voire jamais, à la fois par pudeur, par force d’âme et par défi. Lorsque je parle de défi, il faut savoir qu’il y a chez les Russes, une capacité à se défier soi-même. Celui qui ne se plaint pas, use de son esprit pour combattre sa souffrance, sa fatigue ou sa lassitude, il ira plus loin. C’est une force psychologique énorme. Je me souviens alors que jeune étudiant dans un travail saisonnier agricole, je refusais de m’asseoir pendant la pause, parce que j’avais du mal à me relever ensuite et que la reprise du travail était plus dure après. En refusant de céder à la facilité du moment, à la plainte, finalement j’étais déjà un peu Russe ! Je compris donc enfin la subtilité, et malgré qu’il m’arrive encore de dire que je suis fatigué, ce n’est jamais qu’après que ma femme, de manière très rare, ait elle-même exprimé sa lassitude. Remarquez par ailleurs qu’il y a des façons différentes de s’exprimer. Je pourrais par exemple demander si elle est fatiguée, et la réponse pourrait alors être « non mais rentrons ». Cela pourrait bien vous paraître un conseil insignifiant, mais il est capital. Par ailleurs des femmes russes en parlent elles-mêmes ! J’ai découvert dans une vidéo d’une Russe vivant en France, qui fait des petits spots sur YouTube sur son expatriation et son expérience du monde français, qu’elle parlait de ce sujet, et même très longuement[2]. Je ne suis pas toujours d’accord avec certaines opinions énoncées, par le fait que je suis inversé avec cette femme, elle a suivi son mari en France, mais pour ma part j’ai suivi mon épouse en Russie, c’est donc très différent, mais son témoignage est très intéressant, et justement dans une de ses vidéos, la Russe de Paca peste assez comiquement contre… son mari toujours fatigué, et aussi parce que son niveau de compréhension du monde français par rapport au monde russe est encore insuffisant, dix ans en Russie j’en apprends tous les jours ! »[3].
L’essentiel de cette discussion et de ce coaching, c’est avant tout de vous ouvrir à d’infimes différences qui se cachent derrière une femme slave, des différences qui seront par ailleurs au départ masquées, soit par l’absence de langue commune, soit par la pratique par les deux amoureux d’une langue non maternelle imparfaitement maîtrisée. Il y a donc ici une série de bombes à retardement qui pourraient vous apparaître tardivement dans votre relation et rencontre avec une femme russe et ukrainienne. De fortes différences seront remarquées également en fonction de l’homme francophone qui sera en face de ces femmes slaves. Le sang latin, l’influence méridionale dans l’esprit et la mentalité, pourront se révéler des atouts mais aussi un sérieux handicap par rapport à des hommes venus d’autres régions de France, de Belgique, de Suisse ou du Québec. Les premières choses que ces femmes regarderont ce sera avant tout, l’apparence physique, la propreté de vos vêtements, la netteté de votre allure, une petite tournure pour parler de votre habillement, ni trop compliqué, ni trop ostentatoire, simple, classe, ajusté à votre caractère et à votre univers sans excès. La seconde chose sera votre éducation, votre capacité à l’écoute, à l’attention que vous porterez à cette femme, à vous intéresser à son existence, à ses désirs, à sa personne, sa famille ou ses enfants. Enfin bien sûr, elle sera intéressée par votre situation personnelle, et votre capacité à assurer un foyer, surtout dans l’optique de création d’une famille.
Et si je suis quand même fatigué ?
Il est évident que votre rencontre avec une femme russe ou ukrainienne, même avec des conseils affûtés, sera conditionnée par beaucoup de paramètres. Vous ne pourrez pas masquer l’homme francophone que vous êtes, avec votre culture, vos acquis, vos valeurs et vos traditions. Cette femme non plus, qui dans beaucoup de cas devra faire le voyage de l’expatriation chez vous, dans votre pays, en Europe ou au Québec, ne pourra pas se départir de son patrimoine culturel, de son éducation et de plusieurs décennies de vie dans un univers qui de toute façon restera son socle premier. Le sujet ne sera pas de vous contraindre à ne plus être vous-mêmes, ou que votre future épousée soit contrainte à entrer dans un moule. En réalité, vous devrez tous les deux entrer dans un moule commun, que vous devrez absolument construire ensemble. Et pour construire, il y a forcément des moyens communs que vous devrez mettre en œuvre. Cette capacité d’adaptation que vous aurez pourra vous assurer un réel bonheur conjugal avec une femme russe ou ukrainienne. Vous devrez éprouver un amour qui ira bien plus loin que les mensurations généreuses de votre future femme slave, des sentiments profonds et sincères qui s’enracineront dans l’effort commun. En cherchant à comprendre votre compagne slave, vous aurez déjà fait un important pas vers cette réussite. Il est évident que ce pas en avant vers l’autre, devra aussi être une démarche de cette femme slave. Vous ne direz peut-être plus forcément si souvent que vous êtes fatigués ! Elle ne pensera sans doute plus systématiquement que vous êtes « trop geignard », ou plus sûrement elle se dira sans doute que finalement le « gentil geignard » vaut mieux qu’un « solide colosse viril » mais si désespérément prévisible, volage… et ennuyeux ! Ce sera certainement à vous de lui prouver, que la fatigue exprimée n’implique pas, et de loin, que vous n’ayez plus de réserves, d’envies, de forces et de ténacités. Au-delà de tous les bavardages, alors que majoritairement les femmes russes et ukrainiennes goûteront peu « les bavardages » et « les bavards », elles prendront soin systématiquement de vous, avant même que vous ayez évoqué cette fatigue, ne se plaindront pas ou peu lors des longs trajets, paraîtront enjouées et souriantes, mais il y a ici justement cette fameuse résilience des Slaves. Car une fausse impression existe vraiment dans le monde slave, l’homme n’est pas celui qui possède la plus grande résilience, mais il s’agit bien de la femme slave.
C’est elle la charpente véritable de ce monde slave, pouvant parfois même atteindre les hauteurs du pouvoir. Il n’y a pas de hasards dans le fait que la Russie, et l’Ukraine, puissent compter des souveraines aussi puissantes et solides, tenaces et avisées qu’Olga de Kiev (890-969), qu’Élisabeth Ier (1709-1762), ou de la Grande Catherine (1729-1796). Contrairement à leurs « cousines » de France et de Navarre, ces femmes possédaient un pouvoir absolu et dirigaient des empires qu’elles menèrent à la victoire. Vous trouverez certainement, dans chaque femme slave, un petit peu de ces grandes femmes. Elles seront âpres dans la défense de leur famille, à conserver et chérir leur mari, à choyer leurs enfants, courageuse au travail, patientes dans l’apprentissage et leur éducation, enflammées dans un conflit qu’il soit verbal, sociétal ou militaire. Le monde slave compte en effet quelques-unes des pionnières les plus audacieuses de l’histoire, la russe Valentina Tereckhova première femme cosmonaute, l’ukrainienne Lioudmila Pavlitchenko exceptionnelle tireuse d’élite pendant la Seconde Guerre mondiale (créditée de 309 ennemis abattus !), l’aviatrice Marina Raskova et sa camarade Mariya Dolina, parmi tant d’autres, la mathématicienne Sofia Kovalevskaïa, la ballerine Anna Pavlova, la peintre Natalia Goncharova, la poétesse Anna Akhmatova, l’actrice ukrainienne Vera Kholodnaïa la liste serait sans fin. Une chose est certaine, en venant en Russie ou en Ukraine pour découvrir la femme de votre vie, avec l’Agence CQMI, vous n’aurez jamais en face de vous… des potiches. La femme russe et ukrainienne… ne sera jamais officiellement fatiguée, même si vous l’êtes et pour arriver à l’osmose créée par un sentiment amoureux naissant, vous devrez VOUS, messieurs, prendre la mesure du défi et du choc des cultures. Ne soyez jamais fatigués de lui dire que vous l’aimez, et de le lui montrer. Dans les premières rencontres, ne soyez jamais fatigués de les découvrir, et cette découverte sera avant tout que vous vous placiez à la place d’un homme… voulant rencontrer sa femme, en oubliant tout ce que vous pensez savoir. Car en face de vous, il y aura une femme slave, russe ou ukrainienne !
Hervé Jouhet pour l’Agence CQMI
[1] http://www.russieinfo.com/vers-la-fin-du-service-militaire-obligatoire-en-russie-2017-10-25 article de Russie Info du 25 octobre 2017 annonçant un possible passage à une armée de métier.
[2] https://www.youtube.com/channel/UCTaXX4cH85VNWkyinR2NdLA La Russe de Paca, qui depuis environ deux ans produit de la vidéo narrative, critique ou même parfois coups de gueule sur son expérience franco-française dans le Sud de la France.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=pLSyg3tWDos vidéo pour en venir au sujet de la fatigue des Français à commencer vers 13 minutes et 40 secondes, publiée le 16 mai 2016, vous excuserez l’aspect caricatural de l’exemple, pourtant bien concret et que j’ai vécu dans mon propre couple russe.
Antoine Monnier
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL