Peu d’hommes francophones, à fortiori Français ont conscience de cette culture. C’est un héritage qui s’est construit au fil des siècles, à travers notre histoire et géo-centré au départ sur la France. Il y a peu de peuples aussi farouchement attachés à la Liberté, et aussi remuant que le peuple français. Il serait long de cheminer à travers son histoire ancienne pour expliquer les étapes, mais peu de gens connaissent la signification du mot « Franc », les fameux envahisseurs germaniques qui firent la France en se liant avec divers autres peuples des invasions barbares, et bien sûr avec les locaux d’alors, les gallo-romains. Franc veut dire homme libre, ce qui donnera au Moyen âge le terme « ville franche », ville exemptée d’impôt, et jusqu’à Franche-Comté, le comté exempté partiellement d’impôts par rapport au duc de Bourgogne (autrefois la Franche-Comté s’appelait Comté de Bourgogne). De cette époque lointaine sont nés les parlements, ainsi que la grande réunion des États-Généraux, et contrairement aux livres d’histoire essoufflés, les rois (à part l’exception notable de Louis XIV) n’avaient pas le pouvoir absolu, ils devaient en passer par les parlements de région, pour avaliser des lois et des impôts. Vous connaissez la suite, la réunion des États-Généraux fut à la base d’une Révolution, qui chamboula en profondeur le visage du monde (1787-1824). Après elle s’égrenèrent bien des agitations (qui succédaient à bien d’autres du passé !), à travers d’autres insurrections et révolutions, en 1830, 1832, 1848, 1870, 1889, 1899, 1907, 1934, 1936, 1968 pour faire vite. De cette longue tradition d’agitations est née une culture du compromis franco-française qui a été partiellement transmise aux autres cultures francophones.
La culture du compromis c’est une capacité que l’homme francophone a acquise d’être naturellement dans la vie ou dans un couple à l’écoute de l’autre, du partenaire. Il y a bien sûr des exceptions qui confirment la règle, mais dans l’ensemble, l’homme francophone est rôdé au compromis dans le couple. L’on pourrait croire que ceci est une conséquence du combat féministe et sexiste, mais en fait seulement partiellement. Si l’on prend les générations d’hommes nées au début du XXe siècle, le régime patriarcal était la norme, mais deux événements traumatisants sont venus bousculer l’ordre établi. A la rédaction du Code Napoléon, autrement dit le Code Civil (1804), la femme restait assujettie à l’homme et même après la révolution, la condition de la femme restait assez dans la dépendance. Le divorce avait été légiféré, mais il se faisait à l’initiative masculine pour l’essentiel, sauf exceptions là encore notables, sans parler du fait qu’il se trouvait plutôt pratiqué dans les milieux sociaux les plus aisés. Avec le traumatisme violent de la Grande Guerre (1914-1918), le rôle et la place des femmes, tant en France, qu’en Belgique, et en moindre mesure au Canada, a profondément changé. Les femmes durent remplacer les hommes, ce qui fut encore plus vrai vingt ans plus tard, avec la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Dès lors, les femmes entraient dans la société à une place totalement différente que celle qu’elles avaient connues un demi-siècle plus tard.
Ce qui a suivi ensuite, du droit de vote des femmes en France (1944) à aujourd’hui est une autre affaire, et nous ne sommes pas vraiment ici dans l’histoire puisque tout cela est notre monde actuel. D’autres jugeront à notre place. Après la guerre, il suffit de dire que dans la foulée du Baby-Boom (1945-1952), les couples se sont construits sur des ententes de plus en plus « négociées ». Ce n’est pas un hasard si dans la même période, les femmes sont parties à l’assaut du monde du travail, des bancs de l’Université, ou encore ont acquis la faculté de décider du divorce. Nous connaissons bien sûr les égarements, actuellement en France et dans la majeure partie des pays occidentaux, deux divorces sur trois sont motivés par les femmes. Mais notre propos sera de dire que dans ce cheminement, d’abord des hommes nés autour de la guerre (1940-1955), puis de leurs enfants (1965-1980), un compromis s’est installé dans les couples français. Ce compromis, où par exemple les rôles naturellement étaient assumés dans le couple, a donné lieu aux dérives que nous connaissons, une offensive où c’est la femme qui s’arroge finalement « le pouvoir », du moins laissant une façade à l’homme tout en progressant dans le contrôle total de son ménage. Pour d’autres, moins nombreux, ce compromis a été l’occasion de plus de bonheur, d’un vrai partage et d’un emboîtement complet des choses dans le couple, désormais non pas à égalité, mais plus justement associé devant les tâches, les loisirs, l’éducation des enfants etc. Ceux qui ont réussi cette trajectoire, avec des femmes attentionnées, intuitives et intelligentes sont dans le monde occidental des hommes heureux. Mais avec une femme slave, comment ceci se déroulerait-il vraiment ?
C’est ici que la question se pose de cette confrontation d’une femme slave, russe ou ukrainienne avec la culture du compromis de l’homme francophone. Nous l’avons vu, c’est un homme plus indépendant, aimant sa liberté dans un sens particulier que Russes et Ukrainiens ne comprennent pas, voire même découvrent avec stupeur. C’est la raison pour laquelle l’immense majorité des Slaves ne sont pas ou peu politisés, et que les relations entre hommes et femmes sont très différentes. Il n’y a pas de compromis dans le couple slave. L’homme est à sa place, la femme à une autre, les choses sont entendues et chacun a un rôle à jouer et à tenir. C’est parce que les hommes slaves s’en écartent trop souvent que les choses s’enveniment dans le couple slave. Il n’y a pas justement de compromis. Si je prends mon cas personnel, je suis partie prenante de toutes les tâches ménagères, devant mon épouse par ailleurs. Ainsi, des fourneaux, à la vaisselle, au ménage, au linge, au repassage, tri sélectif et courses c’est à moi pour bien des raisons que ces choses incombent par la facilité de mon emploi du temps par rapport à ma compagne absolument débordée. C’est la culture du compromis et le fait que depuis des années, dans toutes les tâches familiales, j’ai toujours vu chez moi, mes parents mettre la main à la pâte sans distinction, avec seulement des préférences du fait de la force physique (comme pour le jardin par exemple).
Mais dans le monde slave, russe et ukrainien, l’homme est dévolu à une place immuable et de par la culture russe, la gastronomie, le bricolage et la décoration d’intérieure sont des choses assez étrangères à l’horizon masculin. La cuisine est pour lui un lieu inconnu, ce n’est pas un hasard si la plus grande firme de vente de matériaux et outils pour le bricolage, par ailleurs installée fortement en Russie, est… la firme française Leroy Merlin. Si dans le monde français et francophone, l’immense majorité des hommes de l’après trentaine, sont des cuisiniers avertis, gèrent des caves particulières amoureusement, s’investissent dans la confection de conserves, de confiture, d’alcools maisons, vont ramasser des champignons, pour d’autres pratiquent la pêche, la chasse avec l’aspect culinaire qui va derrière, l’homme russe et ukrainien n’occupe pas, ou très peu ce terrain. Mon épouse a toujours été impressionnée par ma capacité à gérer nombre de ces choses, et a découvert qu’il ne s’agissait non pas d’une exclusivité, mais d’une entraide. Le monde russe s’entraide sur d’autres points, mais la configuration de l’intimité familiale est très différente. C’est avec admiration que cette culture du compromis sera pour chaque francophone un véritable atout pour le couple slave. Un des points les plus flagrants en dehors de la cuisine, c’est la capacité de l’homme francophone à s’occuper des enfants, un sujet d’étonnements sans fin des femmes slaves.
Car si vous posiez la question de l’éducation des enfants à une femme slave, vous comprendriez que jamais les pères n’ont assisté aux accouchements. Vous comprendriez qu’ils n’ont jamais donné le bain à leur progéniture, ni mis les mains dans… les couches, les biberons et encore moins poussé la poussette de leurs enfants, sans parler même de la capacité à jouer avec les enfants. C’est une vraie surprise dans le monde russe et je me souviens avoir étonné mon monde admiratif à de nombreuses reprises, sidérant complètement les amies de mon épouse, jusqu’à l’envie… Car en effet, bien qu’interrogées elles l’admettent très difficilement, cette culture du compromis fait de nous, les hommes francophones, le meilleur couple mixte possible avec les femmes slaves de Russie ou d’Ukraine. Car nous avons une capacité d’attention envers nos femmes qui est de mon avis, presque inégalée et qui se traduit souvent par des quantités de petits détails. Il ne s’agit pas d’un hasard si le bon goût… est français, ou italien, si les plus grands dessinateurs de mode, cuisiniers, vinificateurs, pâtissiers, restaurateurs, décorateurs et tapissiers et j’en passe sont de notre sang. Mais cette capacité au compromis renferme aussi notre malheur, c’est le double effet de surprise dont chaque homme francophone devra se garder (par devers lui !), que nous appellerons « l’engouffrement dans la brèche ».
S’engouffrer dans la brèche, voilà longtemps que les femmes francophones l’ont fait, mais les femmes ukrainiennes et russes, au fil du temps, peuvent aussi avoir cette tentation. Dans ces cas-là, j’aime autant vous dire que le compromis, le partage, l’assemblage des êtres, la place des membres de la famille va glisser vers un aspect obligatoire de la chose. A savoir que l’homme fait, doit faire, puis est obligé de faire, puis cette obligation se couple bientôt à un aspect assujettissement de l’homme, contrôle de sa personne par divers moyens, abandon et cloisonnement à des tâches désormais vides de sens. Qui n’aura pas entendu que cuisiner des bons petits plats, c’est donner de l’amour ? Oui mais préparer « la bouffe » c’est évidement autre chose ! Surtout quand dans la culture russe l’aspect culinaire est quasi absent, voire négligé et dans certains cas méprisé, cela devient finalement une simple tâche ménagère sans intérêt et sans partage. Certaines femmes russes et ukrainiennes auront donc la tentation, quand elles auront compris qu’elles peuvent user et abuser du compromis, à avancer sur le chemin déjà emprunté par les femmes francophones et certaines mêmes, pour celles qui auront migré dans le monde occidental, seront encouragées par l’environnement, par « leurs collègues occidentales ». Les premières années d’une relation forte peuvent cacher cette tendance, surtout si du départ vous n’aurez pas placé clairement les jalons, les limites et aussi les conditions de ce partage et culture du compromis dans le couple.
Car c’est justement par l’incompréhension première de ces caractéristiques, que la femme slave d’abord enchantée, puis devenant réceptive à cette osmose de couple, pourrait chercher à en tirer des avantages là où dans sa culture, aucun homme russe ou ukrainien n’aurait fait le quart, de la moitié du huitième… de ce chemin pour construire un environnement familial qu’il est enclin de toute façon à fuir. Car l’homme russe lui est dans l’exact contraire de l’homme francophone. Son rôle n’est pas de donner la main à sa compagne, il n’a rien à faire dans l’éducation des enfants, et la culture du jeu, comme je l’ai vu en Occident est quasi inexistante. Un père n’accueille pas son enfant, ne coupe pas le cordon ombilical, ne donne pas le biberon à son fils, encore moins les fameuses premières cuillerées. Toute l’équation pour lui, et surtout dans les générations de moins de 40 ans, sera de tenter 1) de prendre son plaisir partout où il le pourra, 2) de fuir les relations sérieuses, ce qui fait de l’homme russe l’un des plus infidèles que je connaisse en Europe, 3) ne pas assumer en cas de divorce une pension alimentaire, un sport national masculin, 4) user d’une galanterie de façade, un certain ton bling bling ostentatoire pour cumuler des conquêtes, 5) si possible repousser la paternité, ou la fuir le cas échéant.
Vous me direz que tous les hommes sont loin d’être ainsi, c’est vrai, mais ils sont environ 100, face à 110, 115, parfois 120 ou 130 femmes selon les régions de Russie ou d’Ukraine. Parmi eux, une bonne moitié seront de bons pères et maris, mais 60 à 80 femmes seront elles face à ceux que je viens de décrire… C’est là tout le secret, difficile par ailleurs à avouer même pour des femmes slaves, de l’homme russe ou ukrainien. Ce formidable atout de la culture du compromis, lié à la condition ancienne de l’homme libre, du guerrier de bonne race franque, jusqu’à l’homme francophone d’aujourd’hui, peut se transformer en réel piège, où vous vous retrouverez enfermé et ligoté. Il y aura ceux qui réagiront en patriarche, il y a ceux qui feront de l’urticaire, mais au final le regard de la femme russe, sur vous et les hommes russes pourrait ne pas être à votre avantage. Alors si vous êtes adepte de la culture du compromis, comme moi, il vous faudra aussi montrer que vous êtes un homme au sens russe du terme. Et en disant cela, je ne plaisante nullement. Vous devrez montrer votre courage, votre capacité de protection, faire face à des dangers potentiels, même mineurs, et faire en sorte de démontrer qu’il reste dans chaque homme francophone que nous sommes, beaucoup du sang de vos ancêtres, tant celui des grognards de l’Empereur, que celui des Poilus de 14. Vous souriez, vous ne devriez pas ! C’est une chose vraiment essentielle et capitale.
Voilà l’essence même du compromis, et face à une femme russe ou ukrainienne, jamais il ne fonctionnera si vous n’êtes pas aussi l’épaule, le guide, le bras, le bouclier, la force de propositions et en possibilité d’assumer l’entretien d’une famille, soit par vos activités, vos talents ou financièrement. Je vous laisse tout un chacun méditer cette affaire de la culture du compromis, une arme redoutable pour se faire aimer des femmes russes (et d’ailleurs !), mais un talent incomplet si vous ne prenez pas garde à rester aussi à la place qui vous a été dévolue par le sort de votre naissance, celui de votre genre : ne pas oublier d’être un homme...
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL