Sur le petit écran ou dans les méandres d’Internet, vous trouverez beaucoup de choses sur le cas des hommes francophones cherchant l’amour, l’épouse et la compagne en Russie ou en Ukraine. Il sera pourtant assez rare que les « journalistes » ne tentent pas à la fois de se moquer de ces hommes, de tourner la démarche en dérision, de montrer avec condescendance la Russie ou l’Ukraine, ou même d’expliquer qu’il s’agit de pays « arriérés et d’arriérés », sans parler de remarques assassines sur les femmes slaves, leurs motivations et le reste. Sur YouTube ou un réseau social, chaque apparition de tels reportages, films documentaires ou vidéos donne lieu à un acharnement d’internautes violents, racistes, slavophobes, mêlant des croyances héritées des précédents reportages de ce type ou encore de ce qu’ils ont entendu à la radio, vu à la télévision et répétant en boucle sans réfléchir des stéréotypes dégoulinants. Aucun ou presque n’auront mis les pieds dans le monde slave, aucun ne parle le Russe ou l’Ukrainien, mais c’est une tare qui n’empêche pas dans la bouche de ces personnes les commentaires assassins. Parfois, rarement, il y a toutefois des reportages comme celui que nous allons vous décrire, qui malgré la motivation claire et subtile des « journalistes » à tenter de montrer du mauvais, nous démontrent qu’aller chercher son épouse en Russie… cela fonctionne, et que ces femmes sont incroyables !
Dans cette vidéo en deux parties, un homme âgé de 43 ans, ayant subi un divorce atomisant lorsqu’il avait 33 ans, ayant par ailleurs deux filles d’un précédent mariage, se trouve seul. Il a son domicile, une voiture, un restaurant, une pizzeria dont il est le patron et dans laquelle il travaille selon son entourage comme un forcené, par passion et par goût. C’est un homme lambda, doux, attachant, avec un physique passe-partout. Il aura donc traversé comme il le dit lui-même un véritable désert. Marié très jeune, avec des enfants très vite arrivés, son histoire est celle banale de millions d’autres Français. Issu de la diaspora italienne, on sent toutefois la famille ayant des valeurs, l’homme qui, au fond recherche simplement une femme, qui en plus d’être jolie, sera aussi aimante, à ses côtés et décidée à construire un avenir. Difficile ici aux journalistes de s’attaquer à l’agence matrimoniale dont nous ne connaîtrons pas le nom, car Jean-Marc après une année de correspondance, des rencontres, a une véritable femme en face de lui, elle s’appelle Maria, elle a 30 ans, une enfant d’environ 10 ans qui s’appelle Victoria. Cette femme vivait dans la Russie centrale, selon l’émission vivant dans « un village perdu », mais il s’agissait d’une citadine car elle exerçait le métier de conseillère juridique, femme diplômée du supérieur qui aurait eu du mal à exercer son métier dans la pampa des immensités profondes de la Russie.
Pour ne pas trop l’avantager, le reportage présenté ne montre pas les traductions des discours en russe de Maria, ni même de sa fille ou de sa sœur Alexandra. Il faut dire que tout l’exercice du reportage sera de tenter de vous faire désapprouver la démarche de Jean-Marc, en tentant de vous démontrer qu’un Français qui ne parle pas Russe et une Russe qui parle un très mauvais français, n’ont aucune chance de réussir ensemble leur vie amoureuse. Le reportage appuie fortement sur l’inattention portée par le couple à la fille de Victoria, qui sous les caméras, très impressionnée reste silencieuse. Ils auront toutefois la décence de montrer un beau moment entre Jean-Marc et Victoria dans un zoo, mais aussi les pleurs de Victoria déjà attachée à son beau-père et n’ayant pas l’intention de partir d’un pays qui lui aura apportée de si nombreuses nouveautés. Pour Victoria et Alexandra c’était en effet un tout premier voyage à l’étranger, pour la petite fille une toute première nuit dans un hôtel, et des cadeaux, le mariage de sa mère, tant de nouveautés dans une belle région de France. Il faut dire que tout ce petit monde arrivait en Italie, pour se reposer sur la route sur le lac de Côme, au Nord de Milan dans une région magnifique (et pour se rendre en Alsace).
Même en cherchant, les « journalistes » ont du mal à tirer les spectateurs vers le bas, les sourires et le français désarmant de Maria, les gestes amoureux et attentionnés de Jean-Marc, la simplicité et l’authenticité de sa famille déminent systématiquement toutes les tentatives de faire passer le message de « ils n’arrivent pas à communiquer parce qu’ils ne parlent pas la même langue et cette Russe est sans doute malhonnête… ou une mère indigne ». Et l’histoire se déroule devant nos yeux pendant une heure. L’on comprend que malgré les barrages de la langue, ce couple fait plus que communiquer, qu’il y a beaucoup de valeurs, de traditions et justement encore de simplicité dans cette femme russe et sa famille. Le reportage filme le mariage, le départ de Maria qui reviendra pour faire ses papiers et l’on sent bien que cette histoire va fonctionner. Sans doute un peu dépité de ne pas avoir pu faire mieux pour les enfoncer, « les journalistes » n’indiqueront pas dans la fin d’émission ce que sont devenus Jean-Marc et Maria. Il est laissé aux internautes et spectateurs le loisir d’imaginer… le pire, ce que pas mal de commentaires assassins font se charger de faire sur YouTube. Car ces reportages à la manière de TV réalité n’ont qu’un but : assembler au montage de la vidéo les passages les plus croustillants en tentant une distorsion des faits et de la situation par l’image, titiller le côté voyeur des spectateurs, provoquer chez lui des réactions grégaires, lui laisser l’impression qu’il est supérieur en tout, à la stupidité qu’il croit avoir repéré chez les « acteurs » du reportage.
Vous ne connaissez pas le troll internet ? Nous si, et plutôt deux fois qu’une. Le troll internet peut se décomposer en trois sortes distinctes : 1) le troll de base, c’est une personne lambda qui sous un pseudo et derrière son ordinateur peut se lâcher dans des commentaires assassins, dans une orthographe improbable, il n’a aucun but, seulement déverser de la bile, tout est négatif, critique au vitriol, insultant, violent et vise à blesser, salir et tourner en dérision, en général animé par les différences de milieux sociaux, les nationalismes, les idées politiques extrêmes, le racisme, la haine gratuite, le défoulement, et la projection de sa noirceur sur d’autres, souvent à cause de frustrations diverses, voilà les seules motivations du troll de base. 2) le troll lettré, c’est une personne cultivée, aimant s’épancher sur les réseaux sociaux et usant de sa supériorité relative dans le maniement de la langue française pour assouvir les mêmes penchants que le premier et dans le même but, une différence notable consiste que ce troll aime confondre les premiers en les tournant également en dérision, il y a un petit côté prédateur. 3) le troll professionnel, c’est une personne salariée et payée pour venir répandre des opinions, contrer d’autres, salir, gratter, et mettre en minorité les personnes qui commenteraient dans un sens opposé à sa mission. Le troll professionnel est apparu quelques années après la naissance d’internet, il est employé par des gouvernements, des grandes organisations, des entreprises ou des formations politiques. A titre d’exemple, l’Union européenne, l’OTAN, l’ONU, la plupart des gouvernements du G20 emploient des trolls professionnels. Un troll de cette envergure peut avoir des dizaines de comptes Facebook, de réseaux sociaux et d’adresses pour faire croire à diverses identités qui n’existent pas. Et en cas de coups durs, ces profils peuvent venir au secours de l’opinion contesté d’un des comptes sur des forums ou des commentaires. A noter que parfois, le troll lettré, qui serait activiste dans un domaine ou un autre, peut utiliser des stratégies diffamatoires du troll pro.
Dans le cas de notre vidéo, trois trolls emblématiques ont attiré notre attention. Le premier est censé être une femme, plutôt jeune puisqu’elle utilise un langage SMS. En trois messages très courts, elle assassine la Russie après avoir indiqué y avoir habitée 5 ans. Avec un profil fondé en 2015, 2 abonnés dans son Google + avec une certaine Marion Lopez et elle-même derrière un compte de conseils en manucure… Sab’bs est déjà un compte suspect. Aucune activité, sauf deux playlists de vidéos pour affiner son corps et écouter de la musique, elle écrit : « C’est juste pour les papiers, j’ai vécu 5 ans en Russie, là-bas la vie est assez dure et beaucoup de jeunes filles ont pour seul objectif de se marier avec un riche ou un étranger pour partir. C’est pauvre, tu sors des grandes villes et tu tombes dans des villages où c’est comme le Moyen Âge en France, le puits dans le jardin pour l’eau, pas de chauffage, même les grandes villes c’est très dur. La condition de la femme n’est pas top non plus, beaucoup de violences et j’ai plein d’autres exemples, sans oublier l’alcool, plus précisément la vodka, qui n’est malheureusement pas un simple cliché ». Pour ma part, vivant en Russie depuis 10 ans, je contredis bien sûr par mon expérience tout ce qui est affirmé ici. Certes vous trouverez en Russie, comme en France des gens vivants pauvrement, dans un autre monde, voire hors du temps. Mais dans un pays aussi froid que la Russie vous ne trouverez jamais… de maisons habitées sans chauffage. Ce simple commentaire éclaire bien en fait la nature de cette personne. Derrière un profil quasi vide, le mensonge s’étale derrière une propagande entendue en France, la Russie le pays du Moyen Âge, d’alcooliques et de violents… Vous n’aurez bien sûr aucun autre exemple de cette personne, elle serait en difficulté de vous en donner, et même ne serait-ce que de vous parler en Russe. Toutes les personnes qui sont allés vivre en Russie ont été marqué par ce pays attachant, et de toute mon expérience je n’ai jamais croisé une seule personne restée plusieurs années dans ce pays qui ne fut pas touchée par lui. Alors méchanceté gratuite du troll de base ? Sans doute.
Mais le pire vient ensuite dans un second commentaire d’un troll du pseudo de Magali Morris, 5 abonnés, un profil verrouillé pour empêcher de voir les détails, seules trois playlists d’émissions de TV françaises, de chansons et de vidéos sont visibles. Notre commentatrice comme arme de destruction massive interprète la non traduction des paroles de Maria comme une forte probabilité de malfaisance, voire qu’il s’agit en fait d’une criminelle sans scrupule : « Peut-être qu’il n’y a pas de traduction parce que ce qu’elle dit n’était pas très gentil genre « tu vas voir comment je vais te faire la misère après que j’ai mes papiers, t’es un connard mais t’as du bien matériel, après je te laisserais comme une merde et me barrerais avec un homme riche parce que je suis une grosse michetoneuse… ce qui me chagrine c’est la petite, soit elle sait ce que sa mère mijote, soit elle ne veut pas vivre loin de ses racines. Il a raison de faire un contrat de mariage entre couples français, c’est plus répandu que ne pense donc faut arrêter de faire des grands yeux, c’est un classique ça ne gène que les rapaces ». Enfin plus loin, un dernier commentaire d’un troll de base, d’une certaine Patricia Figarol explose le compteur de violence, plus loin un autre troll tout aussi violent parlera à propos du mixte des « races » comme d’une pratique de « dégénérés » : « Cette grosse salope de Russkof, lui trop con ! ». Là aussi profil YouTube cadenassés, 2 abonnés, nous découvrirons sous le même nom un Facebook qui semble correspondre. Une violence gratuite d’une méchanceté inouïe, à peine croyable même lorsque l’on pense aux souffrances probables des personnes filmées et ainsi salies et insultées.
Si l’on disait à des Français « ah oui vous êtes Belges ! », l’immense majorité se cabrerait… mais cela ne gêne nullement les mêmes Français de mettre gaiement dans le même panier, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, voire Moldaves et ressortissants des pays baltes. Pas un pour rattraper l’autre… avec toujours le même racisme primaire, sortit des âges et d’un relent de Guerre Froide du temps de l’Union soviétique. Le tout est agrémenté d’une histoire, vraie ou fausse d’une scammer ukrainienne qui aurait roulée dans la farine son premier mari français : « le salaire minimum est de 250 euros, les hommes sont violents et alcooliques, beaucoup de professions sont interdites aux femmes, bref l’enfer. Un de mes amis a dépensé 20 000 euros pour se rendre en Ukraine et payer l’agence et des cadeaux (de luxe je précise) à la demande de la mère maquerelle. Après un temps, elle est venue en France, tout était ok, ils se sont mariés, elle est retournée chez elle le temps que son pays l’autorise à revenir (8 mois après). Un moment cool et un jour après avoir eu sa naturalisation française, mon ami rentre du travail, elle avait tout pris et s’est barrée avec un propriétaire d’un château viticole dans le Var, elle lui a jeté les papiers du divorce dans la gueule en rigolant, elle voulait vivre la grande vie ». le gros problème de ce commentaire encore du troll Magali Morris, c’est que 1) la Russie est le thème de la vidéo non l’Ukraine, 2) il n’y a pas de salaire minimum ni en Russie, ni en Ukraine, 3) aucune profession n’est interdite aux femmes ni en Russie, ni en Ukraine, au contraire il y a plus de femmes à des postes d’hommes à cause d’un énorme déficit masculin, notamment dans l’armée, 4) nous ne sommes plus en Union soviétique, ni la Russie, ni l’Ukraine ne délivrent d’autorisation à sortir de leur territoire, 5) si cette histoire est vraie (il y a des cas rares, mais bien réels), cette Ukrainienne aurait dû attendre 5 ans pour avoir sa naturalisation et non juste « un moment cool », 6) les papiers du divorce « jetés à la gueule » semblent surtout sortir d’une imagination débordante d’une troll dont les motivations, et les mensonges interrogent l’intelligence de tout un chacun.
Des honnêtes commentaires existent, un internaute indique qu’il s’agit d’un vieux reportage, probablement des années 2008-2010, et que cette personne les avait cherchés et découvert sur Facebook, toujours mariés des années après et ayant eu au moins un enfant, voilà donc la vraie réalité des faits, et la vraie méchanceté des gens. Antoine Monnier fondateur de l’Agence matrimoniale CQMI parlait dans le Live du dimanche du 16 septembre dernier du côté obscur de la force… la voilà, stupide, gratuite, méchante et bileuse, sans la moindre raison puisque l’intégralité de ces gens n’ont aucun lien (mis à part peut-être un), avec les personnes du reportage, Maria et Jean-Marc. Alors pourquoi ? Pourquoi le tiers des commentaires déposés sous ces deux vidéos sont-ils aussi violents ? Quelle est la raison, l’objectif, le plaisir retiré, la justice, l’intérêt, voire même les raisons justifiants le temps perdu à écrire ces commentaires ? C’est là toute l’histoire de l’Humanité et de ce qu’Antoine définit comme la facilité du… côté obscur de la force.
A étudié à CQPNL Centre québécois de PNL